st Martin axe

Cette année à Verneuil nous avons une nouvelle crèche. Elle est belle…

Et elle est placée juste devant l’autel. Ce qui fait que, si vous êtes dans la nef, vous profitez d’une belle perspective, avec au premier plan la crèche, tout au fond la grande croix, et entre les deux, l’autel et le baptistère...

Et si vous êtes de l’autre côté, ou derrière des gros piliers, je pense que vous pouvez voir au moins l’un de ces quatre lieux (du moins j’espère !).

La crèche, l’autel, le baptistère, la croix. Tout cela est finalement très cohérent, et va nous aider à entrer profondément dans ce que nous fêtons ce soir.

Au bout, comme un achèvement, un accomplissement, se dresse le grand crucifix, la croix sur laquelle Jésus donne sa vie pour nous, pour le monde, pour tous les hommes. Vous vous dites peut-être qu’aujourd’hui c’est Noël et pas Vendredi Saint, que nous fêtons la naissance et non la mort de Jésus, et que ce n’est pas le moment de parler de la croix… Je vous dirai alors que, si sur la croix, Jésus donne sa vie pour nous, ce don a commencé bien plus tôt que le jour où Jésus a été crucifié. Dès sa naissance, la vie de Jésus est donnée pour nous. C’est pour nous qu’il est venu, pour nous que Dieu s’est fait homme. C’est pour être donné pour nous que Jésus est né à Bethléem. Pour nous rejoindre, pour partager notre vie humaine. Pour se donner à nous, il se remet entre les mains des hommes avec confiance, petit enfant fragile. Entre nos mains, à chacun de nous, entre mes mains. Déjà, il nous donne sa vie en se faisant petit. Dans la crèche, il est entre nos mains. Et particulièrement entre les mains de la plus belle d’entre nous, la plus accueillante d’entre nous : Marie, sa mère toute pure, modèle des cœurs ouverts à Dieu. Dans notre nouvelle crèche de l’église de Verneuil, l’enfant Jésus peut être déposé dans les mains de Marie. Faisons-le… Un enfant dépose l’enfant dans les mains de Marie.

creche marie

L’enfant Dieu est déposé entre les mains de l’humanité, à travers Marie. Sa mère va l’accompagner, nous le voyons avec la statue de la Vierge à l’enfant, à droite de l’autel : l’enfant a un peu grandi, il est toujours dans les mains de sa mère, qui le tient tendrement.

Mais nous le savons, tous les hommes n’accueilleront pas Jésus avec le même amour que Marie. Ils n’accepteront pas, et nous avons du mal à accepter d’entendre l’appel à changer nos cœurs, à nous laisser purifier, à nous laisser sauver. Et cela conduira Jésus sur la croix. Et Marie, à nouveau, recevra son fils dans ses mains, la statue de la Vierge de piété, à gauche de l’autel, le représente.

Tout à l’heure, à la fin de la messe, nous chanterons Il est né le divin enfant. Ce n’est pas très original, à Noël il y a des incontournables… Et dans le deuxième couplet nous chanterons ceci : « De la crèche au crucifiement, Dieu nous livre un profond mystère. De la crèche au crucifiement, Il nous aime inlassablement. » Il nous aime et il se donne, de la crèche au crucifiement. En un seul mouvement de don, un seul élan d’amour, qui va jusqu’au bout. Et notre foi nous dit que cette vie totalement donnée, de la crèche au crucifiement, est féconde, que ce don total est fécond. L’histoire ne s’arrête pas au crucifiement. Jésus est ressuscité, il est vivant et toujours présent au milieu de nous, et en nous. Il est venu pour être avec nous et il est toujours avec nous. Et il nous a promis qu’il serait avec nous tous les jours, jusqu’à la fin des temps. Sinon nous ne serions pas ici ce soir, pour fêter sa naissance, qui nous dit aussi sa présence.

La perspective de cette grande croix, face à nous dans l’église - on ne peut pas la rater en entrant – n’est pas macabre, elle ne nous rend pas tristes. Elle est signe du don total d’amour de Jésus, jusqu’au bout. Et elle est signe de la victoire de l’amour et de la vie, car Jésus est ressuscité, Jésus est vivant. Il est là.

Il y a une belle unité entre la crèche et la croix. Et dans cette église, entre la crèche et le crucifix, il y a l’autel et le baptistère.
Le baptistère, lieu de célébration du baptême, c’est le lieu où nous sommes plongés dans la vie que Jésus nous a donnée. Jésus a donné sa vie, de la crèche à la croix et à la résurrection, pour que nous nous la recevions, pour que nous entrions dans sa vie, la vie éternelle. Et pour nous, la vie éternelle, c’est-à-dire la vie avec Dieu, la vie d’enfant de Dieu, commence le jour de notre baptême. Parce que Jésus est venu et nous a donné sa vie, par notre baptême nous devenons membres de son corps, nous faisons partie de son Royaume, nous vivons déjà avec lui, au présent. C’est le cadeau que nous recevons le jour de notre baptême.

L’autel, enfin. Qui est le véritable centre de cette église. Sans autel, une église n’est pas une église, car c’est là qu’on célèbre l’eucharistie. Sur l’autel, Jésus qui est venu, qui a donné sa vie, qui est ressuscité, se rend présent grâce au pain et au vin, il se fait notre nourriture. La vie éternelle déposée en nous au baptême est nourrie, alimentée par l’eucharistie, cette nourriture sainte, le corps du Christ. Notre appartenance à son Royaume est renouvelée, nos liens les uns avec les autres sont vivifiés. Jésus est venu naître en ce monde pour que nous recevions la vie éternelle. Il vient naître en nous, grandir en nous, nous unir à lui à chaque fois que nous tournons nos cœurs vers lui, et particulièrement lorsque nous nous rassemblons pour la messe du dimanche.

De la crèche au crucifiement, il nous livre un profond mystère… Ce mystère de notre salut n’est pas une réalité cachée, c’est une réalité qui nous dépasse. En posant notre regard sur ces lieux de foi présents dans notre église, nous pouvons entrer dans ce mystère, entrer dans la joie d’accueillir Dieu qui vient se donner totalement à nous, pour que nous soyons avec lui pour toujours.

Père Pierre-Marie Hascal

Messe du 24 décembre 2018, 20 heures à Saint-Martin de Verneuil.

Les lectures étaient : Isaïe 9, 1-6 – Psaume 95 – Tite 2, 11 –14 – Luc 2, 1-20

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