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Voici maintenant plus de dix ans que des paroissiens de Verneuil-Vernouillet rencontrent régulièrement des musulmans pour échanger sur différents thèmes. Cela permet une meilleure connaissance de l’autre, un approfondissement réel de la foi et perpétue une longue tradition à Verneuil-Vernouillet. Nulle grande ambition théologique ne les anime mais disons plutôt un grand désir d’ouverture à la différence.

Dans cette démarche ils ont la chance d’être accompagnés de nos frères protestants de l’Église Unie de France. Les réunions ont lieu une fois par trimestre au cours de l’année scolaire : après deux exposés, l’un chrétien (soit protestant, soit catholique), l’autre musulman, un échange s’instaure où chaque partie gagne en connaissance de l’autre.

Assistent à ces rencontres le président de l’Association Franco-Maghrébine, M. Lahcen Dadouche, notre curé le père Pierre-Marie Hascal, Mme Virginie Moyat pasteur de l’Église Protestante Unie de France du secteur de Poissy et une douzaine de personnes issues des communautés catholique, musulmane et protestante. Les thèmes sont choisis en petit comité en fin d’année pour l’année suivante.

Cette année nous avons eu le souci de tenir compte des évènements marquants qui nous ont interpellés, le programme est : Regards croisés sur l’actualité (« Quel est le regard de chaque religion sur l’écologie ? » « Que peut-on dire que peut-on représenter dans la religion ? » et le 17 mai prochain : « Le respect de la vie à son début et à son terme »). Le groupe avait déjà traité de la famille, l’étranger, la création, les personnages de la Bible et du Coran, les calendriers chrétien et musulman, les fêtes religieuses, les rites accompagnant les étapes de la vie, le bonheur du croyant, la justice, la souffrance….
Les chrétiens qui vivent ces possibilités de rencontres les considèrent comme une grâce à accueillir humblement et avec reconnaissance tout en portant dans leur cœur le souci du renouvellement des générations, de l’accueil de nouvelles personnes, l’ouverture au changement, en un mot que s’effectue la transmission du témoin.

di 004Retour sur la dernière rencontre qui avait pour thème : « Que peut-on dire, que peut-on représenter dans la religion ? ».
M. Dadouche a d’abord défini la limite de son enseignement aux photographies et dessins et précisé que le mot « sourate » utilisé dans le Coran pour désigner un chapitre mais également une forme, figure ou image.

Il y a divergence des savants musulmans quant à la possibilité de représentation. Pour certaines toute forme d’image d’être animé ou non est condamnable alors que d’autres permettent les images d’être non animé et d’autres encore n’interdisent que les images suspendues ou vénérées. Parfois cette interdiction est élargie aux statues.

L’Ange Gabriel avait interrompu ses visites au Prophète car il y avait une figure représentée sur un rideau. Le Prophète avait fait retirer le rideau et es visites avaient repris.

Pour simplifier, on peut dire qu’actuellement il y a consensus sur l’interdiction des statues et des idoles mais l’on peut représenter quelque chose qui n’est pas doté d’une âme, comme un arbre par exemple. Les figures sont acceptables si elles sont de très petite taille, comme sur une pièce de monnaie ou si elles sont sur un support qui ne donne aucune considération, comme un tapis et pour certains si elles sont nécessaires comme sur une pièce d’identité.

L’exposé pour les chrétiens a été fait par un paroissien catholique. Il y a de nombreuses images et statues dans les églises mais il est rappelé le commandement « Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces images, pour leur rendre un culte ».

Toutefois les représentations peuvent être considérées comme une aide à la prière (les icônes par exemple), comme un support d’enseignement à une époque où les gens ne savaient pas lire (les vitraux et sculptures de chapiteaux), ou comme des exemples, des guides (la statuaire des saints). Des figures de la trinité, Dieu le Père est le moins représenté et c’est principalement le Christ qui l’est puisqu’il est Dieu Incarné.

di 002La dernière partie de cette réunion était réservée aux échanges et questions. Les protestants ont pu expliquer que les temples n’ont en général aucune image, mais s’il se trouve dans une ancienne église, les éléments décoratifs intégrés à l’édifice ont été laissés (vitraux, sculptures). Les protestants prient chez eux, le temple est un lieu pour les rassemblements. Luther a dit que les images n’étaient mauvaises que si on y jetait un mauvais regard.
Il régnait dans le groupe une bienveillance propice à l’ouverture des cœurs et à la compréhension de l’autre.

Cet échange m’a permis de prendre conscience de nombreuses différences. Certaines évidences sont remises en cause ce qui permet de comprendre leur impact. Des croyances sont découvertes et donnent une nouvelle perspective. Nous réalisons le merveilleux cadeau de la place donnée à notre propre conscience par la religion chrétienne.

Nous sommes tous invités à la prochaine rencontre, mardi 17 mai, elle portera sur le respect de la vie à son début et à son terme (à 20h30 aux Buissons, Maison des Associations, 83 boulevard de l’Europe à Vernouillet). C'est ouvert à tous, sans engagement de régularité.